mercredi 14 décembre 2022

 

Avec la pluie


Avec la pluie nous revient le présent aux milles gouttes simultanées, tandis que ruisselle à nos pieds la réalité végétale des plantes, formant d’innombrables chemins en tresse sur fond de ciel  gris cadenassé. Il y a un progrès général dans l’air, un progrès féminin, qui envahit chaque recoin de l’espace, s’y installe le temps de l’averse. Cette manière qu’a la pluie de surprendre est chaque fois unique et rejouée avec grâce, légèreté. L’hydre a ressuscité, gris comme le charbon que l’on brûle, la pluie rayonne dans le ciel telle un amas d’étincelles en chute libre. C’est un pleur ou un saignement dénudé de douleur, de toute douleur charnelle, animale, une complète ataraxie envahit la chambre aux rideaux de brume, subjugue la cuisine de métal et de verre, ou encore la balcon… un rideau tombe sur le regard aux abois, fasciné par la femme électrique, par l’éclair sec qui balafre la molle matière du ciel, l’œil a eu  peur de la blessure,  il a frissonné devant ces météores au langage si clair et violent il, retourne momentanément dans la caverne de son orbite car il craint  l’étincelle, ou  la goutte qui pourrait l’échauder, lui faisant perdre la maîtrise de l’horizon. La pluie nous remue le cœur et les entrailles, le cerveau également, elle dénoue l’attente dont on ne se savait pas prisonnier.

J’observe la pluie tomber à verse

Une incontinence heureuse  puis, tapageuse, puis  agressive tambourine à la fenêtre fouettant les yeux et les oreilles, je suis du regard du regard  cette incontinence nomade…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire