Avec la pluie
Avec la pluie nous revient le
présent aux milles gouttes simultanées, tandis que ruisselle à nos pieds la réalité
végétale des plantes, formant d’innombrables chemins en tresse sur fond de
ciel gris cadenassé. Il y a un progrès
général dans l’air, un progrès féminin, qui envahit chaque recoin de l’espace, s’y
installe le temps de l’averse. Cette manière qu’a la pluie de surprendre est
chaque fois unique et rejouée avec grâce, légèreté. L’hydre a ressuscité, gris
comme le charbon que l’on brûle, la pluie rayonne dans le ciel telle un amas
d’étincelles en chute libre. C’est un pleur ou un saignement dénudé de douleur,
de toute douleur charnelle, animale, une complète ataraxie envahit la chambre
aux rideaux de brume, subjugue la cuisine de métal et de verre, ou encore la
balcon… un rideau tombe sur le regard aux abois, fasciné par la femme
électrique, par l’éclair sec qui balafre la molle matière du ciel, l’œil a
eu peur de la blessure, il a frissonné devant ces météores au langage
si clair et violent il, retourne momentanément dans la caverne de son orbite car
il craint l’étincelle, ou la goutte qui pourrait l’échauder, lui faisant
perdre la maîtrise de l’horizon. La pluie nous remue le cœur et les entrailles,
le cerveau également, elle dénoue l’attente dont on ne se savait pas
prisonnier.
J’observe la pluie tomber à verse
Une incontinence heureuse puis, tapageuse, puis agressive tambourine à la fenêtre fouettant
les yeux et les oreilles, je suis du regard du regard cette incontinence nomade…
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