Plateau de Bure. Un erg lunaire
parsemé de pierres sphériques roulées par les vents. Le terrain est tantôt
bombé, tantôt creusé en cuvettes ; succession de concavités, convexités
interrompue par des falaises sans franchise ou bien prolongés par des promontoires
dramatiquement érodés : tête d’Aurouze etc.. têtes de bélier luttant
contre le temps.
Un immense terrain de jeu pour le
soleil et pour les vents ; une dernière station où la neige trouve
également refuge, une neige granuleuse qui craque sous le pied. En été ce doit
être l’Afrique, mais en décembre c’est plutôt l’Arctique et une polychromie
boréale, des bleus pâles, des blancs cassés, des jaunes sulfureux. Le plateau
de Bure est une résurgence chtonienne dont les bosselures parfaitement arides
semblent prises dans les invisibles filets d’un ciel qui assèche, d’un
ciel-ventouse où se déchaine le Shiva des vents.
Terre déplacée, hors propos,
échouée dans des hauteurs qui la forment en l’affamant, ouvertes sur des
espaces ouraniens qui la martellent ou ruissellent sur elle, en elle, pour lui
faire exprimer d’ultimes, de grumeaux de pierre polie.
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