lundi 10 mai 2021

 

Printemps à Lus-la-Croix haute, sur la route de Grenoble et Lyon

 

Ce n’est pas seulement la nature qui est nouvelle (absence-présence des feuilles qui bientôt seront là), mais également l’œil qui la perçoit. L’œil a été nettoyé par les eaux nouvelles que libère la fonte des neiges du Diois et Dévoluy. Cette vivacité des couleurs vient de l’eau, mais d’une eau crue, ressurgie, d’une eau vive aux éclatantes rosaces et réseaux, artères, veines, veinules dans lesquelles circulent une affirmation…

Une eau qui par mille canaux affirme.

Les Fauries, après Lus-la-Croix-haute. Flaques de neige sur les prairies en pente qu’interrompent les pommiers à l’écorce violacée. Cette dernière neige qui ocelle le vert d’un blanc de pure lumière, a un goût de sorbet.

Toujours vient cette question. Comment, à quel moment exact cueillir le printemps. Quelle est l’heure exacte de la naissance ?

Toute naissance ne serait-elle pas naissance du Temps lui-même ?

(Nous ne sommes pas seulement nés, mais sommes toujours des êtres-pour-la-naissance. Le printemps me dit ça ainsi que les neiges de la Jarjatte, qui attendent de parler.)

A l’heure de sa naissance, le printemps à Lus-la-Croix haute, voyons, est Verbe, affirmation par-delà tous les néants temporels.

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