Des Alpes aux Tatras
L’horizon de l’Europe ce n’est pour moi ni la plaine, ni la mer, mais des montagnes barrant le chemin de la plaine ou de la mer, des montagnes qui en dédoublant ce finistère de l'Asie, lui donnent ce corps européen fait à la fois d’unité organique et de fragmentations. Le regard monte au lieu de se perdre dans le lointain. Il se fixe sur l’albos, ce « monde lumineux » qui fascinait les Celtes. Le corps de l'Europe, tout en étant découpé en péninsules et archipels, reste solidement ancré aux montagnes qui lui donnent tension et énergie, et puis des muscles et une colonne vertébrale. Une horizontalité est interrompue par une verticalité ; un élan est brisé pour donner naissance à un autre élan. Dans les Alpes, le territoire de l’albos, le Nord bute et se repose lourdement sur la montagne tandis qu' au-delà s’ouvre comme un éventail le Sud, solaire et aqueux, ruisselant, et impérial. Le rideau des montagnes protège le mystère de l’autre civilisation qui est aussi une autre temporalité car au-delà de ces montagnes il y a l’Empire romain, une autre appréhension du temps, l’éternité de l’Antiquité. Traverser les montagnes c’est franchir une porte secrète, entrer dans un autre monde. Barrière, filtre, écluse, mais aussi passage, c’est la montagne Janus à double face, l’une regardant vers le nord l’autre vers le sud, vers le présent et le passé. En occident ces montagnes ces sont d’abord les Alpe massées à l’ouest selon un arc de cercle. Gênes, Mont Genèvre, Mont Janus en Savoie, Genève, succession de lieux cruciaux qui rappellent à notre mémoire le Dieu des portes, Janus.
http://www.ecodelledolomiti.net/Num_9/Num_9_Fra/Des-Alpes-aux-Tatras-Nicolas-Boldych.html
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